7 excellentes raisons + 1 pour ne pas guérir

Lorsque nous sommes malades, nous avons tous envie de guérir. En tout cas, une partie de nous le souhaite vraiment.

Un rhume, une grippe, une indigestion ne sont souvent que de petits inconvénients de la vie quotidienne. Nous connaissons exactement la manière de nous soigner : 7 jours sans médicaments ou 7 jours avec, c'est selon...  Il suffit souvent de s'armer de patience.

Mais notre patience est limitée lorsque nous souffrons de maladies chroniques: ces maladies dont nous n'arrivons pas à nous débarrasser malgré tous nos efforts.  Rhumatismes, asthme, allergies, bronchite, pharyngite, tendinites, etc. Vous savez exactement de quoi je parle.

Et s'il existait de bonnes raisons de ne pas vouloir aller mieux?

 Peut-être cette idée vous fait-elle bondir, vous qui avez tout essayé pour vous en sortir.  Peut-être même avez-vous fait une entorse à votre bon sens: vous êtes allé voir un rebouteux, un "signeur", un coupeur de feu, un guérisseur dont on vous a chuchoté le nom. Et maintenant, je vous dis que vous n'avez peut-être pas envie de guérir!

J'élargis ici le concept de maladie et de guérison à notre mental et à nos émotions, tout étant intimement lié.

Alors, on y va pour l'explication?

1. Une partie de vous croit que ce n'est pas possible.  D'ailleurs, vous connaissez des tas de gens (oui des tas) qui souffrent depuis aussi longtemps que vous et peut-être même plus longtemps.  Eux aussi ont tout essayé : c'est impossible et vous avez une petite collection de cas identiques au vôtre. Vous avez mis vos lunettes jaunes "impossible" et vous voyez le monde en jaune.

Et de toutes façons, si vous connaissez quelqu'un qui en a guéri,  une partie de vous pense :

2. "C'est possible pour les autres, mais pas pour moi". Vous avez mis vos lunettes bleues "les autres ont plus de chance que moi" et vous voyez tout en bleu.

3. Une partie de vous croit que si vous êtes guéri, on s'intéressera moins à vous. D'ailleurs, quand vous étiez petit, il n'y a que quand vous étiez malade que maman vous chouchoutait (peut-être même papa). Vous avez mis vos lunettes vertes "j'ai besoin de ma maladie pour me sentir exister" et vous voyez la vie en vert.

Myriam essaie de guérir de sa dépendance à la cigarette. Elle découvre en thérapie que si elle arrête de fumer, on ne lui dira plus :"Pourquoi tu détruis ainsi?" et elle ne pourra plus lire dans ces mots : "On tient à toi".

4. Une partie de vous croit que si vous vous débarrassez de votre problème, vous protégez les autres. Par exemple, grâce à votre hypervigilence, vous avez déjà pu sauver deux personnes (une voulait traverser devant une voiture, l'autre était un enfant qui s'étouffait avec une friandise). Si  vous vous arrêter d'être inquiet, une partie de vous croit "qu'il va arriver quelque chose de grave".  Ou si vous n'êtes plus malade, la personne qui s'occupe de vous perdra son utilité et sa reconnaissance.  Vous avez mis vos lunettes noires "catastrophes" et vous voyez le monde en noir.

5. Une partie de vous croit que si vous allez mieux l'autre ne sera jamais puni.  Après cet accident provoqué par un chauffard, vous gardez votre blessure - stress - anxiété... Il mérite que vous souffriez. "Ce serait trop facile pour lui si j'allais mieux" C'est comme si vous perdiez le combat. Étendons la situation à un divorce, une injustice, un abus sexuel ou autre, un deuil... Vous avez mis vos lunettes mauves "il faut qu'il paie" et vous voyez le monde en mauve.

Nelson Mandela, à qui on demandait comment il pouvait pardonner aux hommes qui l'avaient fait tant souffrir répondit : "Il faut être stupide pour croire qu'en buvant du poison, on va empoisonner nos ennemis." Pourtant, c'est ce que nous faisons souvent en ressassant toutes les injustices dont nous avons été victimes: nous nous retrouvons alors remplis d'amertume et de venin. 

6. Une partie de vous croit que si vous vous débarrassez de vos souffrances, vous perdrez votre identité : voilà tant d'années que vous vivez avec votre handicap et sa souffrance psychologique, avec vos dépressions chroniques, avec votre histoire d'abandon parental, de veuvage, de perte d'enfant, de licenciement, etc.  Vous n'avez aucune idée de qui vous êtes en tant que personne heureuse et vous gardez précieusement vos vieilles pantoufles.  Vous avez mis vos lunettes fushias "j'ai toujours vécu avec ça" et vous voyez le monde entier avec vos lunettes fuschias.

7. Une partie de vous croit que plus vous souffrez, plus vous avez du mérite :" À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire". Le vieil adage de Jules César a fait beaucoup de dégâts. Vous avez mis vos lunettes turquoise du courage et vous voyez le monde en turquoise.

Je me suis promenée avec des années avec mon histoire que j'aimais raconter avec une certaine satisfaction intérieure. (Attention, personne ne devait le voir : je profitais intérieurement de la réaction de compassion de mes auditeurs) :

• ma maman avait été abandonnée par sa mère à l'âge de trois ans,
• mon papa avait fait faillite alors que j'étais dans le ventre de ma mère et ils ont eu faim,
• j'avais une petite soeur trisomique,
• j'avais perdu un bébé alors que j'avais à peine vingt ans,
• j'ai vécu un divorce horrible avec problèmes de garde d'enfants,
• mon second mari a eu un cancer à 27 ans quand j'étais enceinte de notre première fille,
• il en est resté handicapé et du coup c'est moi qui ai été obligée de travailler....  

Pas trop mal comme liste, non? Remarquez que je l'ai mise au passé. C'est bien arrivé mais comme dans une autre vie ou à un autre moi. C'était comme autant de médailles qui brillaient pour dire : "Je suis courageuse, ne trouvez-vous pas?" Mais cela m'obligeait à me complaire dans mon statut de victime et ne pas prendre la responsabilité de mon existence.

Jusqu'au jour où je me suis posée la vraie question : "Qui suis-je sans cette histoire?"  Si j'avais eu consicence de cette question plus tôt j'aurais laissé mon sac à dos sur le bord de la route il y a longtemps.

Une dernière pour la route:

+1. Une partie de vous croit que vous ne méritez pas de guérir :  Vous avez pensé ou fait des choses inavouables.  Vous vous sentez responsable ou coupable d'une situation, et finalement, souffrir est le meilleur moyen de réparer votre faute. Vous mettez vos lunettes noires "Je suis coupable" et vous regardez le monde à travers elles.

Je rencontre cette situation dans de nombreux cas de deuils :

Aurore a 17 ans. Son petit ami s'est suicidé après une rupture et elle s'en veut terriblement. Dès que qu'elle a pu alléger sa culpabilité en comprenant qu'un suicide est pluri-factoriel, elle a pu commencer à aller mieux. Baptiste a eu un accident de voiture. Il était au volant et sa mère est morte. Il a été dans de sales draps pendant longtemps mais les médecins ne s'expliquaient pas son trop long rétablissement. Etre reconnu comme victime contrebalançait sa culpabilité. Comme pour Aurore, un travail sur la culpabilité a été salutaire.

Comment abandonner nos 7 raisons valables de continuer à "être malade" - "ne pas aller bien"?

Vous le saurez dans le prochain article.  En attendant, prenez conscience de la couleur des lunettes que vous portez et...  déposez-les sur la table.

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Commentaires  

# dufour 04-10-2015 20:11

Un grand MERCI et un aussi grand BRAVO pour cette liste détaillée particulièrement pertinente ! Puis-je en ajouter une que j'ai découverte en me penchant sur mon propre cas ?
Une partie de moi semble être gênée vis-à-vis des autres si je suis heureuse, prospère et en pleine forme... J'avais mis mes lunettes caca d'oie "Vous voyez, moi non plus, je ne vais pas si bien que ça"

# Marie-Noel 05-10-2015 10:19

Effectivement, c'est une très bonne raison pour ne pas aller mieux. On donnerait envie aux autres et on se sent coupable d'aller bien.

Merci pour votre partage.

Marie-Noël

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