Une bibliothèque qui fait grandir

Bien que j'adore le numérique et les eBooks, j'adore aussi les livres.

Leur odeur, leur poids, leur couleur, leur texture et le goût d'aventure qu'ils dégagent.

C'est pourquoi j'ai décidé de vous emmener en balade dans ma bibliothèque.

Chacun de mes livres a été un maître à un moment donné de ma vie.

Et j'ai envie de vous en faire découvrir des extraits au hasard de leurs pages.

On commence par celui-ci :

"Le vent ce matin-là, soufflait en tempête.

Entre les convois de nuages qui traversaient le ciel en lourdes bouffées sombres, le soleil printannier éblouissait la terre, disparaissait sans cesse, revenait par éclats raviver la grisaille.

Nous étions assis, El Chura et moi, à l'abri d'un mur près du temple de Kalassaya.

Il me parlait des contes, des légendes, des aventures plus ou moins vécues qu'on racontait dans les villages.

Il me disait :

- Il y a d'abord les contes, les vieux récits qui viennent des premiers hommes de la Terre.

Les premiers hommes de la terre ne vivaient que dans le sentir.

Ils ne connaissaient pas la conscience carrée. Leurs histoires disent donc les vérités du sentir.

Il y a aussi celles qui occupent les gens, l'espace d'une nuit, devant le feu et s'en vont, dès le matin levé.

Les unes comme les autres sont des êtres vivants, Luis, aussi vivants que nous.

Je m'émerveillais de l'entendre parler ainsi. J'avais le sentiment d'oser goûter enfin à un savoir depuis toujours présent en moi;

J'ai dit :

- Chura, à quoi ressemblent les histoires?

- Elles sont comme des formes lumineuses de couleur différentes, selon qu'elles sont vieilles ou jeunes, passagères ou durables.

Parfois, les oiseaux les portent, parfois des feuilles mortes. Parfois, elles voyagent simplement dans le bruit du vent. Elles volent au dessus des villages.

Toutes recherchent notre compagnie.

Quand l'une d'elles repère un homme qui lui plaît, elle vient se percher sur son épaule et elle essaie de le séduire.

L'homme la chasse ou la raconte.

S'il la chasse, elle s'inquiète. Elle s'en va, elle erre ça et là, elle ne sait pas où aller, elle est en danger de se perdre.

S'il la raconte, il croit qu'il invente, ou qu'il se souvient.

En réalité, c'est elle qui parle par sa bouche. Quand elle a fini, elle laisse sa trace en lui, comme tous les être sui ont croisé sa route l'ont fait avant elle, et elle s'envole vers d'autres villages.

Les histoires ont besoin de nous pour vivre.

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